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KUNSTBULLETIN,
Eveline Notter, November, 2002, p.
"Radical et sans limites : Le Swiss Institute - Contemporary
Art, New York"
Fondé en 1986 dans le but de promouvoir un dialogue artistique
entre la Suisse et les Etats-Unis, le Swiss Institute est devenu
- avec Marc-Olivier Wahler à sa direction artistique - un centre
entièrement dédié à l'art contemporain. Ses expositions tantôt
dérangent, tantôt stimulent ceux qui, installés dans un confort
académique, tendraient à s'assoupir.
Un immense étendard rouge à croix blanche ondoyant sur Broadway
révèle le Swiss Institute, installé dans un espace de 200 m2,
en plein cœur de Soho. Il est pourtant bien loin de ce que l'on
pourrait attendre d'un centre culturel national puisqu'il n'a
de suisse que le nom et un tiers de financement gouvernemental.
Il jouit en effet du privilège de constituer une institution
indépendante qui se voue, sans compromis, à l'art contemporain,
tout en revendiquant le parti pris de témoigner avant tout de
la scène artistique internationale, tout en soutenant la création
suisse. À la direction artistique depuis deux ans, Marc-Olivier
Wahler a été engagé pour donner à ce lieu une identité forte.
Mission en bonne voie pour ce facétieux agitateur ayant, entre
autres, établi la solide réputation du CAN - Centre d'Art Neuchâtel
- qu'il avait dirigé entre 1995 (date de sa création) et 2000.
Il poursuit son parcours Outre-atlantique avec toujours la même
et intime conviction, celle de concevoir un centre d'art à la
fois comme un ‹champ d'expérience›, une ‹plate-forme d'échange›
et un ‹espace de réflexion sur le lieu d'art›. Ainsi en atteste
la prochaine exposition présentée au Swiss Institute - intitulée
‹Black Bonds› - qui accueillera les peintres et musiciens Jutta
Koether et Steven Parrino, tous deux membres du groupe Electrophilia.
Une réunion de médias les plus divers (peinture, musique et
performance) autour de l'idée du fiasco sera de la partie puisque
ces artistes inviteront, chaque semaine, des musiciens (Black
Dice, Foot, Merzbow et Christian Marclay) à se produire autour
de leurs ‹failed paintings› afin de rendre un hommage post-dada
au Cabaret Voltaire et à tous les inventeurs de ‹machines à
bruit›. En transformant, tour à tour, le Swiss Institute en
salle de concert, bureau de vote, casino illégal ou encore lieu
sacro-saint surveillé par des gardes suisses, Marc-Olivier Wahler
n'hésite ni à métamorphoser de façon radicale l'espace d'exposition,
ni même à le déplacer pour intervenir directement dans le contexte
urbain par le biais de performances, de concerts et d'installations
toutes des plus spectaculaires. Jugez plutôt les projets détonants
qu'il échafaude: une exposition sur les terrasses de gratte-ciel
new-yorkais, laquelle serait uniquement visible depuis l'Empire
State Building, ou encore la fanfare de l'armée suisse défilant,
au rythme d'une musique techno, le long de la rampe en spirale
du Musée Guggenheim. Une programmation dictée par la provocation
de rencontres inattendues et le souci du dialogue entre artistes,
lieux d'expositions et univers quotidien n'aurait toutefois
pas dû transmuer, cette fois-ci, le Swiss Institute en un funeste
prophète. Un vernissage renvoyé d'abord, puis la visite impromptue
du FBI, soulignèrent l'étrange coïncidence: la mise sur pied
d'une exposition, ‹Mayday Mayday›, sur ‹l'état de tension› du
pilote avant le ‹crash› de son avion, agendée au 11 septembre
2001.
Black Bonds: Steven Parrino et Jutta Koether du 14.11.02
au 11.01.03 avec les concerts de Black Dice, Foot, Christian
Marclay et Merzbow.
Expositions présentées par le Swiss Institute depuis 2000 :
Under Pressure, Talk is cheap (Gianni Motti, et Sislej
Xhafa), Fabrice Gygi, Mayday Mayday (Christian Jankowski),
How can you kill me ? I'm already dead (Lori Hersberger),
Lowland Lullaby (Ugo Rondinone avec John Giorno et Urs
Fischer), Hello Darkness (Olaf Breuning), The Goodman
Image File and Study (Jim Shaw). Sans oublier les travaux
de Janine Gordon, Gelatin, Ludovic Jecker, L/B, Spiros Margaris,
Tony Matelli, Jonathan Monk, Yves Netzhammer, Erik Parker, Michael
Ross, Olav Westphalen exposés dans le hall d'entrée, le vestibule
ainsi que dans la bibliothèque du Swiss Institute et les vidéos
de Roderick Buchanan, Eric Hattan, Daniel Pflumm, Uri Tzaig
présentées dans la devanture du magasin de futons, au rez-de-chaussée
de l'immeuble. |
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