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Jusqu'à
quel point peut-on étirer la réalité avant qu'elle ne se
déchire? Combien de couches supplémentaires peut-on greffer
à la réalité avant qu'elle ne s'effondre? Ces questions
sont au cœur de LIQUID SKY, une exposition collective qui
constitue le premier volet d'une série de projets organisés
par Marc-Olivier Wahler sur l'élasticité du réel.
Deuxième
volet avec l'exposition EXTRA au Swiss Institute-Contemporary
Art de New York, du 5 mars au 27 avril 2003.
1. Lorsque l'essence s'évapore, les moteurs s'arrêtent.
Le silence s'installe et les extra-terrestres arrivent.
2. Dans l'exposition LIQUID SKY, 28 voitures sont renversées
et méticuleusement parquées les unes contre les autres.
On se déplace sur les châssis qui forment un nouveau sol.
On peut aussi ramper à l'intérieur des cockpits. Seul dans
une autre pièce à l'éclairage crépusculaire, un somnambule
semble s'être égaré. Le vrombissement assourdissant d'un
hélicoptère déchire l'espace tous les quarts d'heure.
3. De type Huey UH-1H ou Sikorsky Black Hawk - les modèles
utilisés par la CIA lors de ses opérations clandestines
- les Black Helicopters ne comportent aucune marque d'identification.
Leur vitres sont teintées et ils survolent les zones où
se manifestent des rencontres du troisième type.
4. Dans le film LIQUID SKY, des extraterrestres viennent
sur terre à la recherche d'héroïne. Ils posent leur soucoupe
volante sur le toit d'un appartement habité par un dealer
et sa compagne Margaret, un top model, androgyne, bi-sexuelle
et nymphomane. Les extra-terrestres découvrent les phéromones
que les multiples amants de Margaret sécrètent pendant l'orgasme
et ne tardent pas à les préférer à une dose d'héroïne. Ils
peuvent intercepter ces phéromones, mais le transfert de
la substance implique la mort instantanée des amants. Margaret
se retrouve chaque soir avec un nouveau cadavre.
5. Lorsque nous sommes sous l'eau et que nous levons la
tête, que voyons-nous? Le ciel ou la surface de l'eau? Et
un somnambule, que voit-il?
6. LIQUID SKY évoque un moment de flottement, une brève
seconde de tension et étire cet imperceptible durée dans
le temps de l'exposition. LIQUID SKY initie une série de
projets qui endossent les diverse formes du réel pour mieux
en explorer ses strates et en révéler son extrême élasticité.
L'art d'aujourd'hui glisse sur le visible et révèle la multiplication
illimitée des couches qui servent à sa construction. Il
contribue à densifier le réel, à le complexifier. L'art
ne recherche pas à élaborer de nouveaux mondes ou de nouvelles
plates-formes en dehors du réel. Il constitue un mouvement,
une énergie, une oscillation constante qui bouscule notre
système interprétatif. Il est la pompe qui dilate et contracte
le réel.
(Marc-Olivier Wahler)